vendredi 9 octobre 2009

Le masque de fer

Journée d'automne, assis sur un banc dans un parc public, il mange son sandwich en regardant tomber les feuilles mortes. Une légère brise souffle. Il remonte son col afin de se couvrir le cou. Quelques rayons de soleils, transpercent les branches des arbres et les feuilles restantes pour venir lui chauffer les omoplates. Au loin, des enfants jouent et les bruits ne forment qu’un léger fond musical étouffé de temps à autres par les souffles d’air frais. Son regard est droit mais absent, et son rythme de mastication n’est pas régulier. Présent physiquement mais absent en même temps. A ce moment précis, rien ne pourrait perturber sa forme de méditation.

Posé à côté de lui, il y a une sacoche en cuir contenant des documents importants pour son travail. Chacun de ses repas est composé de cette manière. Ce brillant homme d’affaires respecté et aimé par ses collaborateurs, est seul tous les midis. Presque toujours assis sur ce banc qui finalement est devenu son banc. Son visage ne laisse rien transparaître pourtant, à l’intérieur il bout d’émotions et de sentiments.

Dans quelques minutes il se lèvera, prendra sa serviette marchera d’un pas machinal jusqu’à la poubelle, jettera l’emballage de son casse-croûte. Puis, dira à demain au gardien en passant. Il marchera encore une dizaine de minutes, en prenant une grande avenue, puis une rue à droite, puis une autre à gauche et se retrouvera devant son building de 30 étages de verre et d'acier. Il prendra l'ascenseur, montera presque jusqu'en haut et, redeviendra l’homme que tout le monde connaît, le roc, l'homme qui ne plie jamais.


mercredi 7 octobre 2009

La tribu d'Okkoto

La princesse Mononoké est attendue en Alsace pour ramener ses animaux dans la forêt. Merci

mardi 6 octobre 2009

Les anciens ont la parole 1

Le compteur affiche plus de 75, mais son regard reste vif et malicieux. Assise dans un fauteuil à bascule, elle me confie une anecdote de sa vie.


A cette époque, elle devait avoir la quarantaine, elle était déjà veuve. Cependant encore jeune, elle n'avait pas renoncé à redonner vie à son lit. Elle plaisait encore beaucoup, avait de l'argent, il ne lui manquait rien. Bref, il y avait quelques hommes de passage qui étaient autorisés à partager sa couche mais jamais bien longtemps et, les périodes entre chaque nouveau, était assez espacées.

Un homme veuf, que rien ne différenciait des autres prétendants, lui faisait la cour depuis quelques temps déjà. Il venait souvent chez elle en journée pour discuter, aller se promener. Mais jamais il ne pouvait rester le soir. Il n'était pas déplaisant, il n'était pas mal habillé, ni grossier, ni ennuyant. Il était un peu près de ses sous et un brin trop collant.

Donc, un jour elle prend le téléphone et décide de l'inviter, en lui disant qu'ils vont fêter ensemble quelque chose, dans un magnifique restaurant gastronomique. Un de ceux où les couverts sont multiples à droite et à gauche et où, en cuisine, on trouve un saucier. Ils dîne en tête à tête, commandent du champagne, prennent du foie gras, des huitres, des viandes succulentes, un vrai repas de fête. Puis vient le moment des desserts et, le repas touchant à sa fin le prétendant lui demande ce qu'ils vont faire maintenant. Elle ne répond pas tout de suite mais lui envoie un de ses sourires ravageurs dont elle a encore le secret. Il rougit en s'imaginant ce qu'ils pourraient faire ensemble et, avant qu'il ait eut le temps de dire quoique ce soit, ou d'essayer finalement de l'inviter comme un vrai gentleman, elle le regarde droit dans les yeux et lui dit :

"- Vous ne vous êtes pas demandé ce que nous fêtions ?
- Non, c'est vrai. Cela avait de l'importance ?
- Oui.
- Ah ?! Et que fêtions nous alors ?
- La dernière fois que nous nous voyons