vendredi 19 mars 2010

Profonde blessure

Sa femme, dans la cuisine, continuait de fredonner. L'eau chaude coulait et elle tenait encore son éponge dans la main quand elle fut saisie à la gorge et que les mains se serrèrent autour. Elle saisit une poêle devant elle et frappa de toutes ses forces sur la cause de ce début d'étranglement. Les mains lâchèrent prise. Elle enjamba le corps de son assaillant encore sonné. Elle chercha son mari et ils se rendirent là où jouaient les deux petites.

Un premier coup de feu résonna et une des 2 petites tomba. L'herbe fut souillée du sang pur et chaud de l'aînée. La cadette se mit à crier tandis que les parents essayaient de retrouver leurs esprits. Ce fut la femme qui une fois encore trouva la force de sortir tout le monde de sa léthargie. Ils coururent pour se mettre à l'abri le long du mur afin de le longer et de se protéger comme ils pouvaient des balles. Les deux adultes avaient les yeux embués de larmes. Le père était recouvert de sang et son visage était grave. Dans ses bras, sa fille aînée était entre la vie et la mort. Il se rappela que sur la table de la salle à manger, il y avait les clés de la voiture. Il confia donc la fillette à sa femme, l'embrassa et lui dit de ne pas bouger.

Il entrouvrit la porte silencieusement, regarda à droite et à gauche avant de s'avancer précautionneusement à l'intérieur. Il s'arrêta. Son coeur battait fort. De la cuisine fusaient des jurons. En face de lui, il y avait une sorte de débarras où se trouvaient quelques outils. Il se dirigea d'un pas silencieux vers le débarras et attrapa sa petite hache. Puis il revint sur ses pas. Il n'y avait plus un bruit dans la cuisine. Il brandit son arme, prêt à frapper tout ce qui pouvait s'approcher de lui. A ce moment, une forme se jeta sur lui et il sentit une lame pénétrer sa chair sur sa gauche entre les côtes. Dans un cri de douleur, il s'écarta d'un mouvement de bras et frappa à la main son agresseur. La main tranchée contenait un couteau de cuisine. Il saignait abondamment. Sa vue était désormais brouillée. Il pu cependant apercevoir une forme gisant sur le sol.

Il posa un genou à terre Se tenant le ventre. Arrachant une manche à sa chemise, il entreprit d'appuyer sur la plaie pour tenter d'arrêter l'écoulement de sang. Un cri de stupeur parvint de derrière lui. Sa femme venait d'entrer portant dans ses bras l'aînée, tandis qu'accrochée à son t-shirt se tenait la cadette. En face un homme approchant les quatre-vingts ans gisait dans une mare de sang inconscient. Elle courut jusqu'à la cuisine récupéra son mobile et téléphona à la police ainsi qu'aux urgences.

Quand elle revint dans la cuisine son mari était à son tour inconscient. Elle avait pris entre temps le couteau à pain et était prête à s'en servir à tout moment. Le vieil homme se remit à bouger. Elle ne réfléchit pas et se jeta sur lui en hurlant de rage et de peur. Au moment de le toucher, elle ferma les yeux. Elle sentit que quelque chose était déchiré par les dents acérées de ce couteau qui d'ordinaire ne servait que pour une innocente tâ. Puis son visage fut éclaboussé d'un liquide visqueux. Elle rouvrit les yeux. Elle avait touché la gorge de cet homme qui hurlait distinctement : "Ma maison ! Elle est à moi ! C'est ma maison ! ..." Ses yeux étaient remplis de haine et son agonie dura plusieurs minutes avant qu’il ne se taise et qu’un lourd silence enveloppe la salle.

Un quart d'heure plus tard, arrivaient les policiers et les médecins. Quand ils entrèrent dans la maison, les murs étaient recouverts de sang, deux hommes gisaient à terre, une fillette, dont les dernières couleurs restantes provenaient de sa robe, était adossée au mur. A côté d'elle se tenait une femme tenant une autre petite fille qui pleurait dans ses bras. Son regard était dur et à la fois perdu. Ses cheveux en bataille sur sa tête la faisaient ressembler à une folle sauvage. A peine ils passèrent la porte d'entrée qu'elle se jeta sur le premier policier en criant et en le frappant au visage. Ses collègues durent intervenir pour maîtriser la furie. Tandis qu'elle était mise à terre, les ambulanciers se précipitèrent vers les corps étendus. Le vieil homme et la petite fille étaient mort tandis que le mari respirait faiblement. Ils furent tous emmenés.




jeudi 18 mars 2010

La maison de campagne


C'était un petit village isolé au centre de la France. Il y avait une boulangerie, un bistro, une épicerie et un bureau de tabac. Sa maison était située juste en face de l'église, c'était la dernière maison avant de se retrouver dans la forêt. D'ailleurs, la route qui passait devant chez lui s'arrêtait juste après sa demeure.


Il y avait un grand portail blanc, et une fois à l'intérieur de la cour recouverte de graviers, son foyer était à droite, adossé contre le mur d'enceinte qui longeait la route. Formant un L, il y avait d'abord une remise ouverte où était stocké le bois pour les 2 cheminées, puis une première chambre avec une salle de bain. Dans le prolongement, une deuxième chambre, une salle de bain, puis un petit salon où le soir il aimait boire la gnôle qu'il faisait lui-même et fumer sa pipe. En face, il y avait un escalier qui lui permettait de monter sous le toit, dans sa chambre. A gauche, le corridor de l'entrée qui reliait les 2 parties de la maison. Ensuite, la salle à manger, reliée à la cuisine et au salon, où l’on trouvait la deuxième cheminée. C'était sa maison et il l'habitait depuis 40 ans. Il avait son potager en contrebas, dans le jardin de derrière, cultivant pommes de terre, carottes, poireaux, choux, fraises, framboises et autres fruits et légumes.




Durant sa soixante dixième année, un jour où il recevait ses 3 enfants et sa ribambelle de petits enfants, lors du traditionnel repas de famille, alors qu'il apportait les plats, il trébucha et sa cassa la jambe. Ses enfants, le sachant seul la plupart du temps, décidèrent de le placer en maison de retraite afin que si un accident dans ce style venait à se reproduire, il soit pris en charge. Il ne put rien négocier et se retrouva donc dans un de ces établissements. En banlieue, près de là où ils habitaient.

Un an plus tard, ses enfants vendaient la maison à un couple ayant deux petites filles.



C'était une journée d'automne, le ciel était couvert, le mari et la femme étaient en train de faire la vaisselle tandis que les deux petits filles jouaient dans le jardin, à l'arrière de la maison. Deux fillettes aux longs cheveux blonds et aux yeux clairs. La chaîne hi-fi diffusait du Eels. Ils fredonnaient en coeur ces airs qu'ils connaissaient. Tout à coup, il y eut un bruit au portail. L'homme s'interrompit et traversa le corridor pour aller voir d'où cela provenait. Ne voyant rien, il sortit et traversa la cour. Arrivé devant la remise à bois, il reçu un coup et s’évanouit...