vendredi 20 février 2009

L'homme libre et la rue

Il était là, comme chaque jour. Assis sur cette grille où l'air chaud s'échappe et le préserve du rigoureux hiver. Il n'est ni gros, ni squelettique, bien que son corps ne soit pas celui d'un homme mangeant tous les jours à sa faim. Âgé d'au moins 35 ans, mais de moins de 50 ans, son visage est marqué par les soucis auxquels il a été confronté. Dans son survêtement gris, son manteau noir passé par les années, il se reposait. Vissé sur sa tête, un bonnet bleu marine d'où, quelques mèches de cheveux s'échappent. Derrière lui, un sac de sport noir délavé, contenant toutes ses affaires de rechanges dont il se sert comme oreiller pour dormir. Au fond de ce réduit, quelques cartons lui servant de coupe-vent lorsque les conditions météorologiques sont vraiment mauvaises. Ses chaussures, de simples basket, ne sont plus toutes neuves et possèdent quelques tâches de plâtres et de peintures. Un gobelet de café vide, rempli de mégots de cigarettes qu'il fume avec délectation, trône devant son abri. Lorsqu'il s'éloigne pour aller chercher ses cigarettes, ou bien pour aller à la boulangerie acheter de quoi manger, il laisse ses affaires sachant que personne ne viendrait voler ses cartons ou son sac abîmé par le temps. Il marche vite et d'un pas sûr lorsqu'il se déplace.

La bouche de métro à proximité lui aurait permis de pourvoir à ses besoins facilement mais, il refuse de faire la manche bien que vivant dans la rue. C'est sans doute cela qui le différencie des autres clochards, avec son déni pour l'alcool. Il ne dépend pas des autres, non, il travaille. Pas tous les jours, mais suffisamment souvent pour ne pas avoir à quémander d'argent pour son pain quotidien. Voilà plusieurs années qu'il vit ainsi ici. Prenant chaque jour la route de la Reine, il part. Je ne connaît pas son métier, mais je pense qu'il doit aider sur les chantiers. N'ayant pas de domicile, il doit lui être difficile d'obtenir un travail autrement qu'au noir. Il est donc rasé, bien que souvent doté d'une barbe de trois jours lui remplissant ainsi ses joues légèrement creusé, et est à peu près propre.

Un choix, son choix. Celui de vivre dans la rue.



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